Quel est votre parcours professionnel ?
Après une licence en chimie obtenue en 1971, j’ai fait un an de sciences économiques à Louvain « pour voir » et j’ai eu le diplôme « d ‘agrégation », mais ce n’était pas ma voie. J’ai ensuite eu une bourse pour faire un an d’études aux USA : en fait j’y suis resté presque 5 ans et j’ai eu le diplôme de Ph.D. en biochimie de l’Université Duke en Caroline du Nord. Après ma thèse, j’ai été accueilli en France avec diverses bourses, puis comme Maître-Assistant à l’Université Pierre et Marie Curie à Paris. Je suis ensuite entré au CNRS où, après quelques années, j’ai été nommé Directeur de Recherche. À 50 ans, on m’a proposé de me présenter à un poste de Professeur des Universités en biochimie à l’Université Paris-Sud à Orsay et j’ai été retenu. J’y suis resté 15 ans dont 10 comme responsable d’un Master en Signalisation cellulaire ; neurosciences. Récemment cette université s’est agrandie et a changé de nom : c’est devenu l’Université Paris-Saclay. Pendant 4 ans, j’ai aussi été Directeur d’une Unité CEA/CNRS au CEA à Saclay : il s’agissait d’une association d’une quinzaine d’équipes (environ 100 chercheurs, des techniciens, doctorants, …), intitulée « Systèmes Membranaires, Photobiologie, Stress et Détoxication ». Une belle aventure, mais pas toujours simple de diriger des chercheurs ! Heureusement, j’étais aidé par un directeur-adjoint (et ami) Francis Haraux à la fois sérieux… et drôle ! Je peux conseiller sa BD qui est sortie début octobre 2021 (chez De Boeck supérieur) « Dessine-moi un virus. La BD virale » !
Quelle est votre position actuelle et quelles sont vos missions ?
Je suis actuellement professeur émérite à l’Université Paris-Saclay et conseiller scientifique au CEA. En fait, je continue à suivre certains aspects des recherches que j’ai entamées lorsque j’étais chef d’équipe. Ce sont des discussions, mais ce ne sont plus des expériences à la paillasse ! Je suis aussi trésorier d’une association de médiation scientifique intitulée S-Cube Partageons les sciences (https://location.partageonslessciences.com/). Nous traitons de divers sujets scientifiques pour les expliquer aux jeunes et aux familles.
Quel est l’aspect de votre métier qui vous plait le plus ?
J’ai beaucoup aimé la recherche, avancer dans un sujet, débuter et poursuivre des collaborations, rédiger pour publier (j’ai co-signé environ 200 publications). J’ai été et je suis encore enthousiasmé par certaines lectures d’articles scientifiques sur toutes sortes de sujets. J’ai aussi beaucoup aimé l’enseignement et (sauf quelque fois !) , je n’ai pas regretté d’être passé du CNRS, où l’on enseigne qu’occasionnellement et si on veut bien, à l’Université.
Pourquoi, selon vous, faut-il étudier la Chimie ?
La formation en chimie est multiple ; elle est diversifiée et peut mener à des carrières très différentes. Ma formation en chimie à l’Université de Liège a été très précieuse dans ma carrière : j’ai pu appréhender les aspects moléculaires du fonctionnement d’une cellule avec une excellente base. Pour développer un peu ce point : la connaissance des liaisons moléculaires et de toutes les forces attractives et répulsives dans la matière ouvre notre esprit, nous permet de bien visualiser les interactions. On est admiratif mais on est aussi poussé à l’action : faire des expériences pour mieux comprendre a été un moteur de ma carrière. Enfin bien comprendre la catalyse, à la fois du point de vue théorique et pratique, est fondamental, on le voit encore avec le prix Nobel de chimie attribué cette année. Cela permet non seulement des avancées industrielles mais aussi des découvertes en biologie où les enzymes jouent un rôle-clé. Les chimistes de formation sont fort recherchés dans les laboratoires.
Quels conseils donneriez-vous aux jeunes qui veulent se lancer dans des études de Chimie ?
Pour réussir sa carrière, il faut simplement aimer ce que l’on fait car nul n’est irremplaçable !
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Publié le 23 novembre 2022 par Wendy Müller